Après l’escale lettone hors-du-temps, j’atterris dans la capitale biélorusse dans un aéroport aux airs de bunker russe avec des avions aux logos un peu trop « rétro » pour être rassurants (et encore dans mon souvenir, ils sont plus jaunes que blancs). La Biélorussie se veut destination touristique, mais personne ne parle anglais. Il est possible d’y voyager pour trente jours maximum à condition d’arriver et de repartir via l’aéroport, et d’avoir une assurance de voyage. Une fois sur place, on dispose de cinq jours pour s’enregistrer en ligne (sur un site écrit en russe, bien évidemment) ou auprès des autorités locales. Minsk, c’est finalement la cohabitation de plusieurs extrêmes : un passé très, très lourd et des tentatives de modernisation très rapides, une envie de développer le tourisme sans aucune infrastructure dédiée à cela, une atmosphère particulièrement mélancolique associée à de sublimes éclats de créativité et de joie. Tiraillée entre toutes ces directions, la capitale semble figée dans une espèce de bourdonnement sourd d’où s’échappent parfois quelques éclats de rire ou rais de lumière un peu magiques.
Le Napoléon, un gâteau russe, comme son nom ne l’indique pas.
A Minsk, je retrouve Nathan qui, travaillant dans une entreprise biélorusse, n’a aucune suggestion d’activités touristiques à donner. Le premier soir, on décide donc de suivre les conseils sur Internet et de rejoindre un restaurant classé dans les meilleurs de la ville. Arrivés sur place, la décoration est très contemporaine, artsy, et je commande un verre de vin californien. Pourtant, c’est une immersion dans la culture biélorusse réussie car on commande des dranikis, sorte de pancakes aux pommes de terre à la texture un peu collante-gluante, mais dans le bon sens du terme (on dirait gooey* en anglais). On découvre également la pâtisserie russe comme le gourmand Napoléon.
*Je n’ai pas trouvé d’équivalent français pour gooey qui est traduit par « gluant ». Décrire une texture comme gluante sonne plutôt péjoratif, non ? Du moins, ça n’a pas l’air appétissant. Pourtant, c’est la seconde fois que je me retrouve à vouloir dire gooey pour décrire la délicieuse texture d’un plat (miam, la tarte à la citrouille vegan avec du lait de coco !), mais je me retrouve bloquée.
Dans les vestiaires, les Biélorusses ont le sens de l’humour.Un petit tour au supermarché et voilà un déjeuner improvisé sur une table improvisée. J’adore faire des courses de nourriture dans des pays étrangers (je n’ai jamais réussi à me lasser de Trader Joe’s aux Etats-Unis avec son petit côté rétro, par exemple) : à Minsk, tout est écrit en russe, alors impossible de savoir ce que l’on achète et le poisson surgelé est accessible « en vrac ».
Danser en plein air l’été, le bonheur…
Nathan et Marina (eh oui !)
Danser le west coast swing, le blues et lindy hop durant la même soirée, c’est possible à Minsk. Dans une ville où l’atmophère est lourde et les gens, réservés, la danse est un moyen d’expression qui fait des étincelles. J’ai adoré la créativité des danseurs là-bas, qui me rappelle un peu celle des Américains. On a tendance à être trop académique en France et laisser de côté la musique, ce qui est dommage… Ainsi, nous avons pu rejoindre la pratique de west coast swing avant de rejoindre le bâtiment de l’autre côté de la rue pour aller danser le blues et s’apercevoir que dans la salle d’à-côté, ça dansait le lindy !
Une église orthodoxe sur la place centrale. Quant au nom, eh bien… voilà.Entre tradition et modernité, espaces verts et espaces urbain : une des plus jolies vues sur la capitale.
Au restaurant « Staramiescki pivavar », envie de tapas et d’un verre de vin pour faire durer la soirée estivale.
Quand on commande des pancakes et qu’on obtient des crêpes.
Le soir, la ville s’anime doucement : nous sommes allés danser en plein air, nous promener parmi les échoppes installées sur la place et un concert d’opéra démarre en fanfare pendant le coucher du soleil. Nous tournons en rond à la recherche d’un restaurant avec une terrasse qui n’affiche pas complet. Tout le monde est dehors et profite de la belle soirée d’été. On finit par retourner au premier restaurant dans lequel nous avons voulu manger : une table s’est enfin libérée !
A l’arrière-plan, à droite, sans lunettes, je pensais qu’il y avait un pont un peu fantastique. En m’approchant, je me suis rendue compte qu’il s’agissait en fait d’une patinoire sous un toit en toile.Les architectures étranges de Minsk : on ne voit ce genre d’immeuble que là-bas ! D’extérieur, cela semble plutôt luxueux, comme une station balnéaire, mais je pense que la réalité est tout autre.D’un côté, la vieille ville……de l’autre, on a l’impression d’atterrir dans une ville hollywoodienne.Comme à Riga, on retrouve encore ce drôle de patchwork avec ici, des gens qui pique-niquent et qui pêchent au bord de l’eau, scène bucolique sur fond de centre des affaires.Voilà l’Île des Larmes (et un pigeon), monument dédié aux soldats biélorusses morts pendant la guerre en Afghanistan dans les années 1980.On visite aussi les centres commerciaux à Minsk ! Ici, nous sommes au Galileo, où l’on peut prendre des photos parmi les cactus et les ananas. Nathan imite ici une Biélorusse, qui posait à côté de nous pour son compagnon, un bouquet de fleurs dans les bras et dans une position particulièrement théâtrale et aguicheuse.
Dranikis, épisode 2. Avec du saumon fumé, c’est à tomber.
Petite pause rafraîchissante avec des limonades.
Derrière les baies vitrés, le brouhaha de la ville nous paraît loin.
Au Galileo, j’ai demandé une carte SIM biélorusse. Il faut présenter son passeport et ensuite, laisser son téléphone au personnel qui fait toute la configuration (puisque c’est écrit en russe). Autre point important : c’est une carte SIM personnelle, à garder à vie…
Près du quartier de Lyakhova, on se promène dans une zone qui rappelle un peu les résidences du campus de Claremont. Après quelques recherches sur Maps,il s’avère que l’on n’est pas très loin d’une université d’où l’ambiance un peu jeune.Lyakhova est probablement mon quartier préféré de la ville : un peu fou, le street art recouvre les murs et se mêle à l’ambiance industrielle. C’est plus jeune, ça respire et on y retrouve un certain élan de modernité et de créativité qui fait du bien. Un peu comme le quartier de Telliskivi à Tallinn.Encore une soirée dansante en plein air, ici de lindy hop et de blues.Ce n’est pas de l’urbex, nous allons à un cours de stretching. Pour apprécier Minsk, il faut absolument connaître la population locale. La photo a été prise dans un immeuble à l’ambiance un peu glauque et qui d’extérieur, ne laisse rien paraître de ce qu’il peut s’y passer. On ouvre une porte, on tombe sur un studio photo, on en ouvre une autre et c’est le studio de west coast swing, une autre porte s’ouvre, on dirait qu’une start-up se monte et au bout du couloir très sombre, on atterrit dans une salle de yoga où l’on suivra un cours de stretching (en russe bien sûr).Vraiment ?Un joli trompe-l’œil.
A la Crète d’Or, après le cours de stretching. C’est un salon de thé qui fait des quiches, des smoothies (mais qui sont en réalité des milkshakes) et de la glace au granola.
Un vélo qui transporte un carré de pelouse.
J’ai tenté de chasser la meilleure glace de Minsk. Malheureusement, aucun glacier digne de ce nom n’a pu être trouvé. Il y a bien des glaciers, mais rien d’extraordinaire. Dans les restaurant, nous avons tenté les desserts accompagnés de glace, mais nous n’avons trouvé que de la vanille très banale.
En sortant du restaurant bien mérité après le cours de stretching, nous faisons un détour par la Place de la Victoire (de l’Union Soviétique) pour aller voir la flamme qui ne s’éteint jamais en hommage aux soldats morts.Où est le centre commercial ?Au sous-sol bien sûr ! Rien n’indique la présence d’une telle installation en surface et c’est encore une des raisons parmi la centaine du pourquoi ce n’est pas simple d’être un touriste à Minsk.
Burgers et frites au parmesan et huile de truffe.
Un burger végétarien avec un falafel pour remplacer la viande.
Au Burger Lab dans le quartier Lyakhova, je décide de ne plus jamais manger de burgers avec un steak haché. Avec un falafel et à la sauce au yaourt, je crois que j’ai trouvé le meilleur substitut à la viande pour pouvoir apprécier un burger sans me sentir frustrée du manque de viande. Une belle découverte !