La belle échappée à Riga

Jeudi 25 juillet 2019, 17h, Café Vilhelms Kuze à Riga.

J’ai atterri dans un café hors-du-temps avec des fauteuils recouverts de velours vert, un vieux piano droit et des enceintes crachotant du jazz doux comme du miel. C’est une bulle dans laquelle le temps s’est arrêté, juste pour pouvoir souffler un peu, engloutir une part de cheesecake à la fraise et d’écrire quelques lignes pour faire le point. A l’hôtel, je demande conseil au réceptionniste car je n’ai prévu aucun itinéraire et je n’ai aucune idée de ce qu’il faut voir à Riga. Il me désigne les brochures. D’accord. Je prends en photo la carte de la vieille ville et ses monuments, ouvre deux pages au hasard pour trouver  deux-trois noms de restaurants et de cafés pour la journée.

Joan Chamorro & Andrea Motis – Lover Man

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La décoration dans l’hôtel de l’aéroport. Où allons-nous ensuite ?

Sortie de mon charmant hôtel, c’est la crise de panique. En plein milieu du parc central où l’air est pourtant frais et pur comparé à la chaleur étouffante parisienne. Je reviens tout juste de Toulouse emportant une tornade intérieure avec moi. J’ai eu le temps de vider mon sac, en refaire un, conduire un peu et pique-niquer pour rencontrer les personnalités lumineuses du groupe des Ecohabitats de l’Ouest (« Je pars dîner avec des copains que je ne connais pas ! » _Si cette phrase vous parle, on vit dans le même délire), prendre le train, dormir à Paris avant de m’envoler pour la Lettonie avec toutes mes interrogations et cette carte routière intérieure aux nombreux carrefours de vie.

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Le Monument de la Liberté, à la mémoire des morts pendant la guerre d’indépendance lettonne.
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Les arbres prennent des airs de fête.

Alors en plein milieu de Riga, je me surprends (encore) moi-même : « c’est chouette le mouvement, mais rappelle-moi, si on a autant de choix à faire à Nantes, qu’est-ce qu’on fiche ici, déjà ? ». Je sors mon appareil photo, décidée à jouer mon rôle de touriste jusqu’au bout, m’oblige à regarder autour de moi et le son du premier déclic m’apaise aussitôt.

C’est qu’on n’est pas mal, ici et maintenant.

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La vue depuis Bastion Hill, une petite colline qui permet de prendre un peu de hauteur.

Riga a des airs de Boston, mais pas de Londres, même si j’avais dit que Londres avait des airs de Boston. C’est vert, propre et on y respire étrangement bien. Le vent frais est un régal lorsque l’on a baigné dans la chaleur caniculaire de Paris et de Nantes. Je n’ai avec moi qu’un sac à main avec une brosse à dents, des sous-vêtements et mon petit oreiller. Riga est juste une escale entre Paris et Minsk.

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Le café Vilhelms Kuze, dans lequel on se sent bien. Poursuivant mon rythme de voyage idéal, j’ai marché toute la journée dehors avant de me poser dans un café mignon pour lire, écrire et travailler un peu.
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Un goûter et c’est reparti !
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Les rues pavées à Riga, c’est quelque chose ! A Nantes, nous sommes plutôt entraînés (poser le talon avant la pointe sur le pavé lorsque l’on porte des talons !), mais les pavés de Riga sont également impressionnants, surtout lorsque les voitures s’engagent dessus. Effet auto-tamponneuses assuré.

A côté de la Cathédrale Saint-Jacques que j’ai fui en apercevant la horde de touristes, je me suis arrêtée devant Hobbywool et j’ai eu l’impression d’être de retour à Claremont avec ces petits édifices de briques et ses arbres aux troncs recouverts de tricots. Nos gouttières seraient tellement plus jolies recouvertes de laine !

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J’ai fait exprès de prendre la tête du garçon en photo. Sinon, derrière lui, c’est le musée de l’architecture !
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Oh, un pont « Eric Tabarly » !

Ci-dessus, deux images qui renforcent mon impression d’être à Boston : des briques et des arbres verts.

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Boire ou conduire, il faut choisir sauf ici, où l’on pédale en buvant.
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La Maison des Têtes Noires, résidence du Président de Riga. Devant la maison médiévale, un guitariste jouait une version hard rock de L’été indien de Joe Dassin. Une French touch vraiment, vraiment étrange.
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L’église luthérienne Saint-Pierre, mon monument préféré de la ville. Je ne sais pas si c’était la lumière de la fin de journée, ses couleurs ou son aspect délabré, mais elle m’a parue irréelle.
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C’est comme si la cathédrale avait été sous l’eau et avait émergé à la surface. Un décor onirique pour un Tomb Raider ou un nouveau chapitre de The Longest Journey.
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C’est déjà la fin de la journée ? Je suis passée dans plusieurs ruelles et j’ai traversé plusieurs places avec des restaurants aux grandes terrasses où l’on pouvait entendre dans chacune une chanteuse lettonne (dont une ayant entamé un morceau de Loreena McKennitt façon bossa nova).

N’étant pas fatiguée, je décide de poursuivre ma marche un peu plus longtemps jusqu’à rejoindre l’autre rive de la Daugava, le fleuve qui coule à Riga, afin d’aller dans le petit restaurant déniché au hasard dans la brochure touristique ce matin. Les ambiances d’un côté et de l’autre du pont sont radicalement différentes.

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Une grande tour et des fleurs champêtres. Tout est plus délabré par ici. J’aime le charme que créé le contraste entre le sauvage, les maisons en ruines et les gratte-ciels.
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Sur cette rivière parallèle au fleuve, j’aurai vu des kayaks et des gens pêcher. Jusque là, rien de surprenant, mais j’aurais dû prendre en photo les deux gratte-ciels qui se trouvent juste à droite. Cela forme un drôle de contraste.
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Encore une jolie démonstration d’architecture éclectique.

Lorsque j’arrive à Dēkainis, j’entends du blues dans les enceintes du restaurant et je sais déjà que je vais m’y sentir bien. Le restaurant est au sein d’un hôtel, lui-même situé dans une zone résidentielle. Parfait pour profiter de la lumière de fin de journée et manger une des meilleures salades de ma vie.

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Après le dîner, il est temps de faire demi-tour et de rejoindre la vieille ville avec ses jolis clochers.
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Comparé à celui de Nantes, ce pont-là est un peu moins blanc et est « ornementé » de barbelés.
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Avant de rejoindre l’hôtel, je repasse par le parc du centre-ville qui à la tombée du jour ferait un décor parfait pour une comédie musicale du genre Un Américain à Paris. Voilà, j’ai trouvé, Riga a des airs de Paris ou de Londres, mais des airs de ville rétro et nostalgique telle qu’on en voit que dans les films et les cartes postales… Une drôle d’escale hors-du-temps avant d’aller rejoindre l’autre monde étrange qu’est la Biélorussie.

Le lendemain matin, je retourne me promener dans la ville avant d’aller à l’aéroport. Dans le quartier américain, je m’arrête à Big Bad Bagels, un chouette nom pour un chouette endroit. Je commande un délicieux bagel italien au prix indécemment bas que je mangerai une fois arrivée à l’aéroport. Direction Minsk !

2 commentaires sur “La belle échappée à Riga

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