Maliciosa Deliciosa : du blues et des montagnes

« I’m tired, but happy ». Leigh approuve, me répond que c’est exactement la manière dont elle résumerait son état en ce dimanche matin, après une nouvelle soirée dansante encore bien animée, et qui s’est évidemment terminée très tard (ou très tôt).

Lundi, quelques jours avant le départ, j’ouvre mon agenda et réalise que je pars à Madrid en fin de semaine. Oh secours. J’avais presque oublié, tiens. Et j’ai un million de choses à faire et je ne me sens absolument pas prête. Ce qui signifie aussi que j’ai grandement besoin de me mettre au vert quelques temps et que c’est plus qu’urgent. J’avais été une des premières à m’inscrire à ce petit festival de blues au nom énigmatique (La Maliciosa !) et à ce moment-là, j’ignorais complètement à quel point le printemps serait fort en émotions et que ce microcosme bluesy perdu dans la Sierra deviendrait un pèlerinage salvateur. Bienvenue à La Maliciosa Blues Fest.

Dinah Washington – Teach me tonight (s’il ne fallait retenir qu’un morceau du festival)

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« Et tu es venue en Espagne rien que pour ce festival ? » Est-ce que j’ai pris l’avion de Nantes jusqu’à Madrid en compagnie d’une bande d’Ecossais chantant à tue-tête (il devait y avoir un match, je crois _en tout cas, cela nous a valu deux heures de retard le temps qu’ils se calment…), puis fait une heure et demi de bus jusqu’à Navacerrada juste pour aller danser au milieu des montagnes ? Eh bien oui. Mais j’ai croisé une voiture avec un autocollant « Hellfest » collé dessus donc je sais qu’une autre personne ici a fait le même trajet juste pour un festival.
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« Mais pourquoi chez nous ? » Un petit nom énigmatique (La Maliciosa, comme la montagne), du blues et des montagnes. Il ne m’en faut pas plus. Je suis descendue du bus, accueillie par les effluves de pins et de bois chauffé au soleil qui éradiquent en même temps le minuscule doute qui aurait pu m’assaillir, du genre « mais qu’est-ce que je fiche ici ? ». Peu importe, on se sent bien ici.
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Lorsque j’arrive, Óscar et Víctor jouent déjà, annonçant la couleur (bleue). C’est une chouette idée de commencer avec un cours-concert présentant l’histoire du blues et ses différents styles. De quoi mettre dans l’ambiance.

Tout le monde vient de Madrid ou presque, tout le monde se connaît déjà. Malgré mon espagnol balbutiant, on m’intègre vite au groupe avec beaucoup de naturel. Aujourd’hui, à chaque fois que je repense à Navacerrada, c’est un vrai bonheur de raviver le souvenir des énergies lumineuses et paisibles émanant  des personnes rencontrées là-bas. Je chéris les communautés dansantes auxquelles j’appartiens : elles sont la preuve qu’on peut accepter nos différences pour créer un mouvement harmonieux et positif. Cependant, je dirai que c’est encore plus le cas avec le blues, mais cette idée fera peut-être l’objet d’un autre article…

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Justine et moi avons eu la même idée après le petit-déjeuner : aller explorer le petit sentier menant vers les rochers juste à côté de l’auberge.
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Je traîne rarement mon appareil photo sur la piste de danse, seul endroit où je lui laisse un peu de répit. En revanche, une fois lâchée dans la nature (littéralement), je rejoue de l’objectif.
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Perchée sur mon rocher, je bouquine, je médite, j’observe ce lac qui me fait envie. Je retiens aussi la sensation des feuilles bosselées comme de minuscules succulentes qu’on caresse du bout des doigts. C’est ce souvenir qui me téléporte sur ce rocher à chaque fois que mon esprit divague un peu…
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J’avoue, il y a un air de Claremont et de Baldy ici. Je comprends mieux tout à coup le haussement d’épaules indifférent de mon ami espagnol lorsque je m’extasiais devant les montagnes californiennes.

 

Les organisateurs annoncent une pool party dans l’après-midi, Baptiste nous propose d’aller nous baigner dans le lac. Je ne fais même pas semblant d’hésiter : direction le lac ! Parmi la cinquantaine de danseurs au festival, nous sommes quatre français plus ou moins égarés : Justine arrive de Londres, Baptiste et Léa mettent les pieds pour la première fois dans un événement dansant. D’un côté, je suis admirative car c’est courageux de mettre les pieds sur une piste de danse quand on débute et il m’arrive encore d’avoir un accès de timidité en arrivant dans un lieu dansant inconnu. De l’autre, La Maliciosa Blues Fest met la barre très haut donc on ne pourrait pas espérer plus belle introduction au blues que celle-ci.

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Apparemment, l’endroit parfait pour un moment de contemplation.
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Des jumelles jouant au bord de l’eau et deux chiens courant après un bâton inlassablement relancé dans l’eau.
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Dimanche matin, trop fatiguée pour suivre un cours de blues…

…mais j’apprécie le fond sonore. C’est TJ Jazz qui anime le cours de musicalité et qui la veille, a chanté lors d’un de mes sets préférés de la soirée.

 

 

Piquer une tête dans le lac et c’est déjà le moment de rejoindre le groupe dans le village à El Templo de Byggvir pour un verre d’hydromel et un dernier concert de blues…

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John nous fait « un tour de magie » qui consiste à boire le contenu de son verre sans toucher à la serviette. C’est moins cool que ça en a l’air.

 

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Qui a pris cette photo ? Je ne me souviens plus, mais elle vient de l’appareil de Léa!

C’est l’heure des « au revoir ». Un petit groupe restera dormir dimanche soir pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps. De retour à l’auberge, nous avons réclamé du micro-blues pour nous aligner avec ce que réclament nos esprits et corps fatigués. Julia clôturera le festival avec « une histoire du soir » alors que nous sommes tous allongés sur les tapis et la montagne de coussins. Il s’agit de la légende de la Maliciosa, une histoire de femme, de montagne, de feu, d’air, d’eau et de terre et bien sûr, de blues…

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L’endroit est un peu étroit alors Justine et moi nous échappons dans le village quelques instants.
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Coucou, on fait la même chose que vous avec notre loggia… en pire. Petite pensée pour la jungle de plants de tomates qui ont envahi notre appartement nantais.
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Exploration de l’église locale.

(ci-dessus, une vidéo récupérée sur le site de l’événement qui résume assez bien les moments forts de ce festival joliment porté par les organisateurs Julia, John, Leigh, Daire, Eva et Sergio)

Lundi matin, les quatre Français reprennent le bus en direction de Madrid. Pendant le trajet, je discute avec Baptiste de son projet, Volumes, et du mien, Le Salon Cosmique. La discussion me fait l’effet d’une tornade intérieure, amorçant la transition entre le festival de blues et le retour à la réalité avec une brise fraîche. Ayant l’impression de lutter sur le projet depuis quelques semaines, les rouages commencent à se mettre en place.

A l’aéroport de Madrid, je commande une énorme part de pizza et fais le chat en observant les passagers. Raveena vient de sortir son nouvel album et pour moi, cela signifie que les planètes se sont alignées ! Ni impatiente, ni fatiguée, ni détendue, ni alerte, ou alors les quatre à la fois dans le bon dosage, je savoure cette stabilité retrouvée et ce nouvel ancrage dans le présent.  Arrivée à l’appartement, je croise Alex qui s’apprête à partir au travail : « demain, il faudrait qu’on discute d’une idée un peu folle qui me trotte dans la tête depuis un moment… »

 

 

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