L’Astroniste, je le considère un peu comme mon journal de bord. Il m’est donc personnel et toutes les opinions exprimées ici m’appartiennent. Les articles sur les musées sont les plus longs à écrire, et en même temps, ils font partie de mes préférés. Je risque donc de ne pas tarir d’éloges sur l’ancien Musée des Beaux-arts de Nantes qui vient d’ouvrir à nouveau et en réalité, je peux même affirmer que tout ce qui sera dit ci-dessous sera complètement biaisé par l’affection que je porte à ce lieu.
Du soleil, de la pluie ?
Avec Jérémy derrière une rangée de fils en silicone
J’aime beaucoup les divers effets apportés par ces fins fils de silicone.
Une installation de Susanna Fritscher.
Une des particularités de ce musée vient de la magnifique salle blanche centrale, grand patio lumineux qui sert de support aux expositions temporaires. Les artistes prennent généralement possession de ce lieu, et inscrivent leurs oeuvres partout, du sol au plafond. Je me rappelle d’un travail de groupe à l’université où nous devions inventer une exposition temporaire : nous avions choisi la Salle Blanche et avions décidé d’y offrir une reconstitution des ruines de Pompéi afin que les visiteurs puissent s’y promener librement. Pour la réouverture du musée, l’artiste invitée s’appelle Susanna Fritscher et son oeuvre De l’air, de la lumière et du temps/Nur mit Luft, mit Licht und mit Zeit vient habiter cette fameuse salle, après tant d’autres. De délicats fils de silicone sont accrochés, reliant le sol au plafond et sont si fins qu’on ne les distingue presque que sous la forme de vibrations. Entre les impressions de vent, de soleil et de pluie, on garde les sens en éveil pour ne pas rentrer dans ces rideaux presques invisibles…
Salle des orientalistes, bonjour !Les oeuvres contemporaines et les oeuvres moins contemporaines cohabitent ensemble, dans un habile dialogue politique.Je suis en admiration devant tout : la forme du parquet (qui donnent l’impression que les pièces sont encore plus grandes qu’elles ne le sont), l’habillage des grilles sur le sol, l’éclairage ambiant, l’arrangement de la collection… que dire de plus ? On sent que l’institution a pris un nouveau tournant, moins intimiste, disons plus professionnel, moins expérimental, ou alors plus assumé.
Charles-Zacharie Landelle, « Jeune bohémien serbe », 1872. J’aime beaucoup les traits féminins.
Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ, « L’Esclave blanche », 1888. Un tableau orientaliste très connu et que j’ai beaucoup étudié pendant mes études d’histoire de l’art.
Eugène Girardet, « Le Campement », 1880. C’est d’abord le cadre qui a attiré mon regard…
Paul-Jean et Hippolyte Flandrin, « Double autoportrait », 1842. Les deux frères ont peint chacun leur autportrait sur ce tableau. C’est assez troublant car les différentes positions donnent l’impression de dévoiler deux aspects de la personnalité d’une même personne. J’ai été d’autant plus touchée par cette oeuvre qu’elle m’a rappelé un jeu vidéo que je venais de terminer, The Lion’s Song.
Paul Delaroche, « L’enfance de Pic de la Mirandole », 1842. La tendresse de la mère et l’amusante posture concentrée de l’enfant en font un tableau assez attachant.
Maria-Helena Viera da Silva, « La Bibliothèque », 1966. On ne voit pas assez de tableaux sur le thème de la bibliothèque.
Auguste Herbin, « Composition », 1932. J’ai été attirée par cette oeuvre, car elle me fait penser aux sérigraphies de Susan Point que mon amie Lola étudiait dans le cadre de son mémoire de master.
Yves Tanguy, « Sans Titre », 1927. Il y a parfois des univers fictifs dans lesquels vous avez envie de promener et j’avais vraiment envie de plonger dans celui-ci.
Georges-Antoine Rochegrosse, « La Mort de la Pourpre », 1914. Un tableau d’autant plus bouleversant qu’il a été présenté au Salon quelques semaines avant le début de la Première Guerre mondiale.
Claude Monet, « Soleil Couchant », 1865. Le « genre de Monet » dont je n’ai pas vraiment l’habitude… et je suis sûre que le musée recèle d’autres petites trouvailles comme celle-ci.
Pierre Roy, « Papillon », 1933. Du vrai travail de naturaliste, et moi, je mangerais bien une de ces pâtisseries.
Sonia Delaunay, « Nu Jaune », 1908. J’ai redécouvert cette artiste cet été avec beaucoup d’enthousiasme. On reconnaît les tableaux de Delaunay de loin, les couleurs sont vibrantes et j’ai eu un vrai coup de coeur pour son travail dans la mode !
Kees Van Dongen, « Passe-temps honnête », 1920. Le titre de cette oeuvre propose une mise en abîme vraiment amusante. J’ai possédé une carte postale de ce tableau pendant un long moment sur ma coiffeuse.
Jean Giorno, « Je fais la queue mes courses à la main et je veux sortir sans incident », 1996. Ou comment réemployer les codes de la culture pop pour faire passer un message engagé.
François Dufrêne, « Le Dé-Klein, 6 bis », 1979. L’artiste se considérant lui-même comme un « anarchiste discipliné », je trouve à cette oeuvre un certain comique.
Peter Saul, « Please don’t hurt my money », 2005. Cinglant de crédibilité.
Ci-dessus, je vous propose encore une fois de plus l’habituel panneau des oeuvres qui m’ont parlé : à Nantes, les tableaux sont plutôt bavards…
Bruno Peinado, Sans Titre, California Custom Game Over, 2007. Il s’agit d’un artiste que j’ai découvert pendant mes années universitaires, quand il exposait au FRAC des Pays de la Loire à Carquefou. Oeuvres a priori joyeuses et colorées, il y a souvent derrière une certaine forme d’espièglerie critique…
On joue avec les reflets de l’oeuvre d’Adrian Schiess, « Sans Titre », 1993.
Je m’arrête dans la salle et demande à Jérémy « on reconnaît les oeuvres de cet artiste à des kilomètres ! » Alexander Calder, « Deux vols d’oiseaux (Grand Mobile) », 1954.
Certaines oeuvres sont des « classiques » nantais, que je connaissais déjà un peu pour les avoir vus dans le musée ou dans la Chapelle de l’Oratoire, d’autres sont complètement inédites. J’ai toujours le coeur un peu serré quand je me rappelle que le bâtiment a été fermé pendant toute la durée de mes études (j’oserais presque les lettres capitales !), néanmoins je suis heureuse d’avoir eu l’occasion d’assister à sa réouverture et d’en découvrir toutes les nouveautés…
Auguste Rodin, Victor Hugo écoutant les Sirènes, 1897-1902. Un tendre portrait…
Un autre point de vue sur l’oeuvre de Susanna Fritscher
Photo prise depuis le nouveau bâtiment, « le cube ».
Vue en plongée sur la salle blanche.
Je savais que la collection présentée dans l’ancien musée des Beaux-arts n’était qu’un tout petit échantillon des oeuvres détenues par celui-ci. Un nouveau bâtiment a vu le jour, un énorme cube sur quatre étage (si ma mémoire est bonne) destiné à abriter des oeuvres d’art contemporain. Il y a un petit air du MuCEM de Marseille au niveau de l’architecture… Bref, l’endroit est résolument plus moderne et très vaste je dois dire : nous y avons passé quelques heures, mais cela n’a pas été suffisant pour parcourir toutes les galeries. Tant pis, ce sera pour l’année prochaine !
Anne & Patrick Poirier, Mnémosyne, 1991-1992 : d’après le cartel, « Mnémosyne est une ville-musée-bibliothèque idéale, vaste complexe architectural, construite sur le plan elliptique du cerveau. Elle est divisée symétriquement dans le sens de la longueur (les deux hémisphères) avec en son centre le lieu de visualisation des images de la mémoire et de la création, formé de trois bâtiments communiquant entre eux : le théâtre de la mémoire, le théâtre de l’oubli et l’amphithéâtre du rêve. » Encore un endroit qui vous donne viscéralement envie de pouvoir plonger dedans afin de vous promener dans cette univers étrange.Je termine cet article sur un des « sous-sol » du musée où une pièce est dédiée aux installations vidéographiques (ici, une de mes artistes préférées, Marina Abramović).
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