« What’s your pleasure ? » Telle est la phrase d’accroche du musée Isabella Stewart Gardner, musée comme jamais je n’ai eu l’occasion d’en visiter auparavant.
Isabella Gardner (1840-1924) est une collectionneuse d’art et mécène à la personnalité excentrique et follement indépendante pour l’époque. Le musée est à son image, respire une atmosphère bizarre, fascinante et inspirante à la fois : étant passionnée de ces univers très personnels et réinterprétations de lieux réels (ici, l’Italie), j’ai trouvé cet endroit tout à fait merveilleux.
Chaque salle, chaque aile est dotée d’une ambiance unique…
Même l’Asie est présente !
Il y a des choses à regarder partout ! Les murs eux-mêmes sont des oeuvres d’art. Pfiou.
Un petit air hispanique…
Initialement appelé Fenway Court, le musée ouvre ses portes en 1903, présentant une collection commencée une dizaine d’année auparavant. Effectivement, Isabella Gardner profite de la fortune héritée de son père et de ses nombreux voyages pour accumuler un nombre d’œuvres extraordinaire et décide de faire construire une maison exprès pour sa collection.
John Singer Sargent, El Jaleo, 1882. Cette oeuvre a été mon coup de coeur du musée ! De plus, la mise en scène est juste fantastique. Le tableua est doublement encadré par une arche polylobée et un miroir sur le mur latéral vient jouer avec l’image…
Philip Beesley, « Sentient Veil », 2017 : une oeuvre dans le cadre de l’exposition « Listen Hear ».
Mieux que l’oeuvre elle-même, le résultat sur les murs…
Une exposition temporaire, « Listen Hear, The Art of Sound » était présentée lors de notre visite. Il s’agit d’une collection de sept oeuvres, majoritairement sonores. L’art contemporain se fond magnifiquement bien parmi la collection permanente, et la présence du son, notamment dans la cour intérieure achève de compléter l’ambiance curieuse qui règne sur les lieux.
Que de choses à voir ! On balaie la salle du regard, on se dit qu’on en a encore une centaine à visiter comme celle-ci, et en même temps, on passe peut-être à côté d’un chef-d’oeuvre auquel on n’aurait accordé qu’un bref regard. Dilemme, dilemme…Paul Manship, Diana, 1921 : les lignes générales de la sculpture donnent une vraie sensation de vitesse ! Cette oeuvre est devenue une de mes représentations préférées de la déesse.La salle des tapisseries : on organiserait bien un bal de contradance ici, non ?Pedro Garcia de Benarre, Archange Michel, 1470 (au centre) : et sur les côtés, je ne sais pas, et sur la cheminée, je ne sais plus. Je me sens un peu submergée…
John Singer Sargent, « Astarte », 1893 : mélange mystérieux de paganisme, d’orientalisme noyé dans l’or…
John Singer Sargent, « Ponte della Canonica », 1903-1907 : le petit clin d’oeil vénitien.
Henri Bles, « Paysage avec David et Bethsabée », 1535-1540 : des jardins, toujours et encore des jardins !
Francesco Guardi, « The Torre dell’Orologio », fin du XVIIIe siècle : je ne me lasse pas des représentations de Venise…
Anders Zorn, « Isabella Steward Garner at Venice », 1894 : j’aime ce portrait d’Isabella, encore plus que celui de John Singer Sargent. D’après le journal de son mari, elle apparaît ici au Palais Barbaro et vient appeler ses amis à regarder le feu d’artifice qui se déroule dehors. « Come out – all of you. This is too beautiful to miss ». Portrait vivant, empreint de naturel, il a le charme d’une photo prise à la volée.
Sandro Botticelli, « Vierge à l’Enfant avec un ange », début des années 1470 : et la boucle est bouclée avec ce petit clin d’oeil à l’exposition sur l’artiste au musée des beaux-arts de Boston.
Titien, « Europe », 1560-62 : oui, oui, un Titien, juste là dans le coin à gauche…
Trop d’oeuvres, trop d’oeuvres… C’était très difficile à photographier. Vous n’en aurez qu’un tout petit aperçu ; mais après tout, je pense que plus que n’importe quel autre musée, l’Isabella Stewart Garner Museum s’apprécie vraiment en étant sur place pour profiter pleinement de cette ambiance si particulière.
On trouve parfois ce petit message : « vous pouvez soulever ce tissu ». Cela semble anodin, mais lorsque vous soulevez nonchalamment le bout de tissu et que vous tombez avec un Véronèse, vous frôlez la crise cardiaque…
Il y a même des choses à regarder par terre.
La tentative de camouflage sur le mur ?
Trop d’oeuvres, trop d’oeuvres… (bis). Sur les murs, sur le sol, sur le plafond, impossible de faire un pas sans passer à côté de quelque chose, chaque recoin recèle de petites curiosités. Au moment où j’écris cet article, je sens encore un peu cette fébrilité que j’ai pu ressentir en étant là-bas. C’est si vertigineux (et je crois que c’est encore pire pour un historien de l’art !) et nous ne sommes pas passés loin du syndrome de Stendhal…
Il ne manque plus qu’un peu de thé et un bon livre pour compléter la scène. En tout cas, cette cour intérieure est un petit bijou et on s’y sent vraiment bien !
Coucou !
« Revelers Gathering Grapes », détail d’un sarcophage romain datant de 225.
Focus sur la mosaïque au centre de la cour avec une tête de Méduse.
La cour vue d’en haut.
On ressent cette passion toute particulière pour l’Italie avec notamment l’architecture du musée, directement inspirée du Palais Barbaro à Venise. C’est assez amusant, car le palais en lui-même est déjà assez hétéroclite avec un mélange des styles gothique et baroque. Le palais vénitien a été racheté par une riche famille de Boston ce qui explique probablement le fait que les Gardner ait pu y passer du temps. De plus, le palazzo servait de résidence artistique pour de grands peintres américains et européens donc à la place d’Isabella, il m’aurait paru tout aussi évident de m’en servir comme modèle pour un musée. Plus d’informations par ici !
Un cadre vide (parmi d’autres) illustrant une sordide histoire : treize tableaux ont été dérobés par deux voleurs déguisés en policiers. Depuis, plus de traces, mais une récompense est toujours prévue pour chaque tableau retrouvé…Un petit tour dans les jardins…
La serre « Dorothy Hunchley Magee »
Une drôle d’orchidée.
Mammillaria SP (pour Spinosissima ?) : on dirait un cactus givré.
Un cactus enneigé ! Tout doux…
…et un autre dans la serre ! Cette collection de curiosités ne pouvait pas ne pas s’accompagner d’une panoplie de plantes originales ou alors le cabinet ne serait pas complet !
C’est sur cette dernière image que je referme le chapitre sur Boston. Au revoir Boston et ses petits lapins !
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