Toujours grâce au Bureau des Etudiants de Pomona College*, nous voilà repartis pour Los Angeles et le parc de la Brea où nous avons visité le Tar Pits Muséum (que j’avais déjà découvert quelques semaines auparavant) et le fameux LACMA (Los Angeles County Museum of Art)…
Je dirais que la journée a été pleine de surprises… Tout d’abord, on retrouve notre cher bus, le Sagecoach, mais avec un nouveau compagnon cette fois, puisque c’est Victor qui m’accompagne. Ensuite, toujours dans le bus, une orange, sortie de nulle part, roule dans l’allée entre les sièges jusqu’à nous. N’appartenant à personne, elle aura servi de collation ! Mais, avec cette anecdote, j’aurais dû prévoir que la sortie serait un peu folle.
J’ai dû reprendre la photo plusieurs fois afin que le squelette entre entièrement dans le cadre de celle-ci. On pourrait faire une cabane sous ce mammouth !
Victor pose sous les impressionnantes défenses du mammouth : je me suis beaucoup interrogée sur la manière dont elles sont recourbées. Cela en fait une utilisation plutôt limitée finalement !
Direction le Page muséum : les souvenirs que j’en avais été encore assez frais, alors j’en ai surtout profité pour retourner voir quelques objets ou squelettes que j’avais particulièrement appréciés lors de ma première visite. Plus que le caractère scientifique, j’aime l’imaginaire que les musées de paléontologie ou d’histoire naturelle renvoient : esprit de collection, cabinets de curiosités, beauté de la nature et de sa diversité. Il y a toujours cette atmosphère un peu romantique où l’on mêle savoir et esthétique, et dans laquelle les squelettes et taxidermies peuvent reprendre vie, un oeuf de ptérodactyle, éclore soudain…
« Si j’étais un animal, je serais probablement un cerf, et toi ? » « Un aigle…ou une dinde » Victor pose donc à côté de son animal spirituel, une dinde (californienne !). Je ne me souviens pas vraiment des raisons qu’il a avancées, mais je crois qu’il y avait une histoire d’animal féroce…
Des crânes de loups par centaines.
Une cigogne qui me rappelle l’Etrange Noël de Monsieur Jack.
Un autre volatile digne de figurer dans un film d’animation burtonien !
L’oeuvre de Michael Heizer, Levitated Mass, prend encore plus de sens dans son environnement. On respire, en plein milieu de Los Angeles.
Victor et April, parmi les nombreux lampadaires de Miracle Mile.
Re-bonjour Miracle Mile et photos de touristes typiques.
Victor et moi partons faire un tour puis je l’abandonne à une visite guidée (vraiment pas mon truc !). J’en profite pour retourner voir Levitated Mass, oeuvre que je commence à vraiment apprécier. Penetrable, en revanche, a disparu ! Mais il ne doit probablement s’agir que d’un au revoir… jusqu’aux prochaines retrouvailles dans une nouvelle ville, un nouveau musée.
Je retrouve le groupe devant les lampadaires très « lalalandesques » de Miracle Mile, et c’est parti pour la visite du LACMA. J’attrape une carte, Victor et moi plongeons le nez dedans et… il s’avère que le musée est encore plus immense que j’imaginais. Il faut faire un choix : aujourd’hui, ce sera art moderne et art européen.
La collection Janice et Henri Lazarof, avec une oeuvre d’Arnaldo Pomodoro (sur la droite), artiste merveilleux que j’ai découvert lors d’un voyage à Pise. Ses sculptures ont toujours l’air d’artefacts extraterrestres et je m’attends parfois à les voir léviter en faisant un son d’ondes Martenot. (Je vous jure que je ne me drogue pas !)
Il se trouve que la collection Lazarof est privée, donc il m’a été impossible de prendre des photos. Dommage, car elle est absolument sublime. Emportée par le tourbillon de références qui s’ouvrent à moi (« mais j’ai étudié cette oeuvre !…et celle-là aussi ! et l’Oiseau de Brancusi, et Fernand Léger, et Giacometti, et, et !! »). Déjà un peu émue, je me promène parmi les oeuvres qui m’ont accompagnées ces dernières années durant mes études d’histoire de l’art.
Puis, je suis tombée sur cette oeuvre. Et cela a été l’explosion. Je fonce vers Victor et le sors de sa contemplation d’un (probablement) beau tableau de Matisse : « il faut que tu viennes voir ça« , et accessoirement, j’ai besoin de quelqu’un à côté de moi pour justifier le fait que je me mette à danser soudainement dans un musée.
Avec Kandinsky, j’ai parfois tout simplement l’impression de voir l’intérieur de mon cerveau dessiné, la représentation de la manière dont je pense. C’est un peu étrange dit comme cela, non ? Victor, probablement dubitatif, répond qu’il préfère le tableau en dessous.
Des oeuvres d’Alphonse Mucha, vers la fin du XIXe siècle.Koloman Moser, Fromme’s Kalendar, 1912 (à gauche), Joseph Hoffmannn, Table et Chaises « Fledermaus », 1907… et j’ai oublié de noter la référence à droite ! Avec un Victor qui emporterait bien la table avec lui… On repense la décoration à Oldenborg ?
Un cabinet provenant d’un atelier florentin (1650-1675) avec de l’ébène, du marbre, du jaspe, du lapis-lazuli et autres pierres précieuses, ainsi que du bronze. Les fleurs et oiseaux ont été réalisés à l’aide de pierres semi-précieuses sculptées, ce qui est tout simplement époustouflant. J’aime beaucoup le thème choisi, à la manière d’un cabinet de curiosités naturalistes !
Un cabinet attribué à Jacobus Fiamengo (v. 1600) à Naples. J’ai été surtout attirée par les matériaux exotiques (ébène, ivoire) qui forment un contraste noir et blanc qu’on ne voit pas souvent… Les illustrations sont inspirées de la Rome antique.
Je pense avoir préféré ma visite au Getty dans le sens où j’ai mieux apprécié la muséographie là-bas. Au LACMA, j’ai trouvé le parcours un peu désorganisé et surtout, les oeuvres étaient parfois très mal mises en valeur : ombres et reflets malvenus, couleur des murs assez terne ou donnant l’impression d’être en réalité une sous-couche, manque de clarté. Où sont les choix de couleurs un peu audacieux qui viennent souligner les cadres dorés et réhausser le caractère des tableaux ou des sculptures ?
En revanche, l’échantillon d’oeuvres entraperçues est définitivement impressionnant, et j’attends avec une certaine impatience ma prochaine visite pour découvrir le reste de la collection !
Dans la Mr & Mrs Harry Chandler Gallery, que je pense être une des plus belles galeries du musée. La muséographie est spectaculaire : juste avant d’entrer dans la salle, au détour d’un couloir, on tombe sur ce gigantesque tableau d’Hubert Robert, dans lequel on irait bien faire une promenade…
Hubert Robert, « Escalier et fontaine dans le parc d’une villa romaine », 1770. Magnifique !
Juseppe de Ribera, « Un philosophe », 1637. J’aime ses mains qui tiennent cette liasse de feuilles de papier travaillées, écornées, déchirées.
Marie-Antoinette Victoire Petit-Jean, « La Belle au Bois Dormant », 1821 : un de mes contes préférés…
Martin Drölling, « Peinture et Musique (portrait du fils de l’artiste) », 1800.
Martinus Rørbye, « Entrée d’un Inn (une auberge ?) dans le Praestegarden à Hillested », 1844
Jean-Jacques Henner, « Portrait de Madame Paul Duchesne-Fournet », 1879
Claude Monet, « Nympheas », 1897-1898 : bonjour cher Claude ! Je me rappelle des heures de permanence au lycée, passées devant le tableau de Monet, le musée des Beaux-arts de Nantes se trouvant juste à côté du lycée Clemenceau…
Ferdinand Hodler, « Le désillusionné », 1892
Jean-Auguste Dominique Ingres, « Odalisque », 1815 : minuscule comparée à celle du Louvre, cette « Odalisque » fait partie d’une collection de quatre variations miniatures ! Etonnant pour un tableau pourtant rejeté par la critique lors de sa première présentation au public, non ?
Franz Von Stuck, « Le tueur de dragon », 1913
Jacques Villon, Portrait de Mlle Y.D. », 1913
Ci-dessus, un petit montage avec une toute petite partie des tableaux qui m’ont touchée…
J’ai malheureusement oublié de noter les références de cette oeuvre : disons que j’ai été surtout attirée par ce jeu d’ombres fantasmagoriques sur le sol…Jean-Jacques Feuchère, Satan, 1836 : avec un Lucifer plutôt pensif…Le t-shirt rayé fait-il partie de la composition ?
Richard Stankiewicz, « Untitled », 1956-1957
Petit coup d’oeil sur cette adorable bouille.
Happés par le temps, nous descendons rapidement dans l’aile consacrée à l’art contemporain…
Yayoi Kusama, « No C.A.9 », 1960 : une texture qui ne laisse pas de marbre.
Quand le visiteur lui-même, avec son profil dessiné en ombres chinoises, vient apporter sa propre petite touche à l’oeuvre.
Ci-dessus, à gauche, l’oeuvre de Yayoi Kusama a de quoi alimenter le malaise des plus trypophobiques d’entre nous… Brrrrr.
On survole les collections, pour noter qu’une fois de plus, les oeuvres sont vraiment incroyables et qu’on reviendra pour prendre le temps de les regarder un peu mieux.
Il est déjà temps de partir… Tant pis pour le Fernand Léger (au fond), ce sera pour la prochaine fois !