On approche du premier mois de confinement et j’avais envie de revenir sur l’Astroniste pour raconter des histoires. « J’espère que vous vous confinez bien » est en train de rentrer dans le langage courant, et vivre à Paris n’a jamais été aussi agréable. Moins polluée, on n’entend plus les voitures, mais les petits oiseaux qui gazouillent et nous avons même accès à un bout de toit pour déjeuner sous le soleil presque tous les jours. J’essaie d’écrire un peu tous les jours pour tenter de rester dans le moment présent, actuellement « la safe zone » qui permet de ne pas céder à la panique face à l’avenir incertain. Dans le moment présent, j’arrive même à faire des plans pour l’avenir en fait, comme me lancer à corps perdu dans une nouvelle formation, avançant ainsi ma rentrée d’une saison. Pourquoi pas ? En attendant de vous en dire plus, j’ai envie de vous raconter un peu les jours qui ont précédé l’annonce du confinement, alors que j’étais encore à Nantes, mais aussi déjà un peu à Paris…
The McGuire Sisters – Teach me tonight



A mon retour de Valencia, je devais repartir en Espagne, en direction de Barcelone pour un nouveau festival de fusion qui a été annulé moins de 24 heures avant mon départ. J’avais le choix entre aller à Barcelone (et me retrouver coincée là-bas ?), rester à Nantes ou garder mes billets de train pour aller faire un tour à Paris et tenter de profiter de mon week-end. J’ai choisi la troisième option, parce qu’il y avait une soirée dansante qui a également été annulée. C’était sans regret, car j’ai enfin pris le temps de visiter le magnifique Atelier des Lumières, idéal pour aller se perdre dans des tableaux impressionnistes ou faire revivre des sensations qui dataient de ma visite de l’exposition de Yayoi Kusama au Broad Museum. Notez également qu’il y a un potentiel dansant incroyable ! Dans l’Atelier des Lumières, nous baignons dans un blues de Billie Holiday et oh, j’ai toujours aimé Billie Holiday, mais jamais sa musique ne s’était aussi bien accordée avec ce que j’ai pu ressentir lors du premier week-end de confinement !
Lors de ma seconde journée à Paris, j’avais décidé d’aller faire un tour au Muséum d’histoire naturelle, mais il faisait tellement beau que j’ai déambulé dans le Jardin des Plantes avant d’entrer dans la Grande Serre.


J’étais donc à Paris deux jours, chez Ryan, avant de rentrer à Nantes pour le week-end et de commencer à me préparer au confinement avec mes deux colocataires et Stormy… avant de refaire mes bagages en direction de la capitale pour aller me confiner chez Ryan. Je viens de vous faire la version courte, et je vous épargne donc les 48 heures de réflexions, questionnements, panique, sessions de jeux vidéo, discussions solennelles, soupirs, excitation, etc. Le résultat est que je suis à Paris, chez Ryan ; Justine et Alex sont à Nantes et jouent les tatas de Stormy depuis quelques semaines.



Ci-dessous, je recopie des bouts de mon « journal de confinement ».
Dimanche 15 mars, Pi Day + 1.
J’ai passé deux jours à Paris, à l’Atelier des Lumières, dans un endroit tranquille qui ne rappelle pas Paris et dans les serres du jardin des plantes. Je suis passée de cocon en cocon, loin de la réalité des choses. J’étais au téléphone à faire quinze fois le tour de la place de la Bastille avec, à l’autre bout du fil, ma sœur, mes amis, la Californie. Les choses se bousculent, mais encore à distance. Mon éternuement de poussin me vaut des regards noirs autour de moi.
Samedi matin, je suis allée faire des courses (plus de litière pour le chat, il est temps). Les (rares) gens remplissent des cadis de conserves, et je me sens toujours un peu déconnectée avec mon sac de litière et mes avocats. Une fois rentrée, je me force à rester à la maison alors que rien n’est encore obligatoire. Que faire ? Mon cerveau créatif est heureux à l’idée d’avoir un week-end entier de liberté et ce que l’on aurait dû faire à Noël ou même l’été dernier devient soudainement une priorité. Faire le tri dans ses placards, faire un grand ménage pré-printanier, se déguiser, coudre une dizaine de housses de coussins et réparer tout ce qu’on a dit qu’on réparerait un jour et qu’on n’a pas réparé depuis Noël ou même l’été dernier (je me répète ?). Dans ces moments-là, j’apprécie la compagnie de mes colocataires, leur écoute et leurs mêmes élans de créativité. Je ne suis pas prête à rester quarante jours et quarante nuits dans l’appartement, cependant, si c’est à faire, autant que ce soit toujours dans cette ambiance d’école maternelle où l’on construit des châteaux forts en coussins.

Dimanche matin, je réveille mes colocataires à midi pour aller au marché. Alex et moi décidons de fêter Pi Day avec une tarte tatin qui vient de chez Bossart, je prends un Mont-d’or chez mes anciens patrons parce que tout passe mieux avec du fromage fondu. En rentrant, nos regards entendus n’ont pas besoin de plus. Alex nous sort « Bon, je mets le Monbazillac au frigo, hein ! ». Nous rions. Tant que notre humour perdurera, la pyjama-quarantaine sera tenable dans notre école maternelle en forme de château fort.

Bonne ambiance en tout cas! En effet, je crois qu’être créatif c’est ce qui nous permettra de survivre à cette épreuve 🙂
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