J’ai redécouvert l’univers de Marc Chagall pour la première fois au printemps dernier au Musée des Beaux-arts de Montréal où était présentée l’exposition Couleurs et Musique. Ce jour-là, j’ai eu un vrai coup de cœur pour l’artiste, sa manière de jouer avec les couleurs et son rapport à la musique. Aussi, je faisais connaissance avec son travail pour l’opéra et le ballet avec de magnifiques pièces réalisées pour les décors ou les costumes. L’exposition a voyagé jusqu’au LACMA à Los Angeles, réduite à ce travail de scène, sous le titre Fantasies for the Stage. Après quelques rebondissements et pas mal de suspense (va-t-on avoir le bus ? les financements ?), Mykyta et moi avons réussi à organiser une sortie au musée pour nos étudiants pour clore un semestre d’activités culturelles en couleur, musique et fantaisie !
Avec Blake, un étudiant de mon couloir de français ce semestre : sa silhouette noire longiligne apparaîtra sur plusieurs photos de cet article…
Après Thanksgiving, nous sommes à deux semaines de la fin des cours, les étudiants sont épuisés, les résidents de langue aussi, le budget a presque été entièrement dépensé et Rita pense qu’il sera impossible de réunir les fonds nécessaires et d’obtenir le bus du college (qui coûte moins cher que d’engager un bus dans une compagnie privée). Bonne surprise, le bus est disponible et petit à petit, tout s’est débloqué, Ines est venue se greffer au projet et nous voilà partis faire une pause au LACMA par un beau dimanche après-midi…
Costumes pour The Firebird (je crois que c’est l’Ange de Feu de Prokofiev en français). A gauche, le costume de l’Ange de Feu est celui qui m’a le plus marqué. Il y avait un extrait vidéo juste à côté pour voir le costume en mouvement et le choix des couleurs et des motifs par Chagall prend vraiment tout son sens.
Le comment du pourquoi.
Un portrait de Marc Chagall par Yoursuf Karsh réalisé en 1965. Avec mon cours d’histoire de l’art ce semestre, j’ai appris à m’intéresser aux portraits et autoportraits des artistes qui en disent très long sur leur personnalité. Chagall a une bonne tête je trouve, avec une expression joviale, des yeux rieurs et un sourire très doux.
J’ai été un petit peu déçue tout de même de m’apercevoir que la collection exposée avait été largement réduite en comparaison avec celle de Montréal. Les pièces présentées sont bien évidemment magnifiques, mais voir les tableaux plus « classiques » de Marc Chagall permet également de mieux comprendre son travail pour la scène. En ne montrant que les costumes et les décors, j’ai l’impression qu’il manque quelques clés de compréhension sur le lien étroit qu’entretient l’artiste avec la musique, le théâtre et le cirque.
« Costume Design for ‘Aleko’: Bat (Scene IV) », 1942 : une chauve-souris ou un papillon ?
“Green Violinist”, 1923-1924.
« Costume Design for ‘Aleko’: Zemphira (Scene IV) », 1942 : une dame ou un papillon ?
« Clown Playing the Violin », 1941-1942 : toujours ce violon qui suit Chagall un peu partout et le thème du cirque qui véhicule l’idée d’un humour simple et franc.
“Backdrop design for ‘The Firebird’: Enchanted Forest (Scene I)” : ces couleurs ! ce mouvement de l’eau ! cet arbre illuminé ! Je crois bien qu’il s’agit de mon fond de décor préféré…
“The Magic Flute”, Metropolitan Opera, 1967 : en vrai, grandeur nature, ce doit être une véritable explosion de couleurs pour les yeux !
“Design for Backdrop for ‘The Magic Flute’: The Trial by Fire (Act II, Scene XXVIII), 1966-67 : d’apparence plus simple et pourtant, en y regardant de plus près, on aperçoit des collages, des visages cachés dans les volutes de gris…
J’ai tout de même pu prendre un peu plus de photos que la dernière fois à Montréal…
Les costumes de Papageno et Papagena pour La Flûte Enchantée (1967).Costumes pour La Flûte Enchantée (1967) avec un superbe costume pour la Reine de la Nuit, le tout devant un des décors également créés par l’artiste pour le même opéra.
« Costumes for ‘Daphnis and Chloe’: Daphnis and Chloe », 1959 : le parti pris de costumes plus sobres pour les héros de l’histoire est assez amusant…
« Costumes for ‘Daphnis and Chloe’: Shepherdesses », 1959.
En sortant de l’exposition, il restait encore une heure et demi avant de repartir à Claremont. Je croise Blake, un de mes étudiants, à l’entrée et il me dit qu’il découvre Chagall pour la première fois. Une introduction à l’œuvre de Marc Chagall par les costumes qu’il a créés est assez peu commune alors nous discutons un peu, puis nous décidons d’aller voir ce qui se fait dans l’autre bâtiment d’art contemporain.
Chris Burden, Metropolis II, 2011. (1)
Chris Burden, Metropolis II, 2011. (2)
Chris Burden, Metropolis II, 2011. (3)
Chris Burden, Metropolis II, 2011. (4)
Au loin, on entend un petit bourdonnement alors cela nous rend curieux…
…et nous tombons sur cette structure géante au caractère particulièrement hypnotisant ! Voir les voitures faire des tours dans cet immense circuit possède un petit quelque chose d’étrangement satisfaisant. Surtout, on s’est dit que l’artiste devait avoir réalisé un des plus grands rêves de jeu de construction qu’ont les enfants (et encore certains adultes !).
L’autre exposition temporaire s’appelle A Universal History Infamy, un titre qui s’inspire de Jorge Luis Borges. Elle présente seize artistes latino-américains qui étaient en résidence à Santa Monica et s’inscrit dans le cadre d’une programmation artistique plus large en Californie du Sud sur le sujet de la culture latino-américaine.
Carolina Caycedo, « Libro Río Serpente », 2017 : une œuvre tout à fait créative et ingénieuse, avec un titre particulièrement évocateur.
Les règles de lecture
N.B. : plus de détails sur l’oeuvre ci-dessus en suivant ce lien.
C’était le dernier week-end avant la fin des cours alors nous étions un peu inquiets à l’idée d’avoir trop peu d’étudiants. Résultat, nous avons réussi à remplir notre liste de participants et surtout, je pense que cela nous a tous requinqués. Quelques heures dans un musée et ceux qui avaient des essais à écrire (moi compris), des mémoires à finir se sont sentis d’humeur un peu plus créative ! Pour les autres, profiter quelques heures du soleil, loin du campus, parmi les jolies couleurs de Chagall, aura été plus efficace que de procrastiner devant son écran d’ordinateur…
Zinny & Maidagan, Estudios para Palabra por palabra: décor por distancia, 2015-2017……avec un poème caché à l’intérieur.Derrière Blake, une oeuvre de Naufus Ramírez-Figuerosa, Corazón del espantapájaros, 2016-2017. Elle met en scène cinq personnages (un oligarque, un dictateur, un soldat, un cardinal et un épouvantail), personnages d’une pièce de théâtre du Guatémalien Hugo Carrillo.Ángela Bonadies, Didactic Panels, América Tropical Interpretive Center, LA, 2017. Le principe est simple (effacer des lettres d’une même phrase pour faire apparaître d’autres mots), pourtant, c’est tout à fait fascinant !Fernanda Laguna, Plano de mi corazón (para entenderme), 2008. Je trouve cette œuvre pleine de poésie, et un peu humoristique.
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