Fêtons le centième article sur l’Astroniste avec de l’art ! Entre les préparatifs pour le nouveau départ aux Etats-Unis et la réinstallation dans mon appartement rose à Pomona College, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour écrire. Alors, même si je me trouve actuellement sur le sol américain, l’Astroniste va se concentrer sur ce qu’il s’est passé de l’autre côté de l’Atlantique quelques articles durant…
Posant dans les escaliers à côté d’une oeuvre d’art…
…qui me fait penser à un griffoir pour chat géant. Il s’agit de « Sédiments II », une oeuvre de Bernadette Chéné qui a été réalisée à partir de journaux empilés et qui a mis dix ans afin d’être considérée comme achevée (1993-2013).
Nous voilà donc au Musée des Beaux-arts d’Angers, pratiquement désert quand nous l’avons visité, à moins que le parcours labyrinthique dans lequel on s’est perdus avec grand plaisir offrait un environnement particulièrement calme. L’exposition temporaire porte sur le célèbre sculpteur de la ville, David d’Angers (1788-1856), et s’intitule « Le Chemin du Romantisme… David d’Angers et l’Allemagne ». Bref, un thème qui me plaît beaucoup…
David d’Angers est parti avec Victor Pavie faire un voyage en Allemagne dans le seul but de rencontrer la célèbre figure de Goethe !Cela a donné un buste de Goethe sculpté par David d’Angers, réalisé entre 1829 et 1831. C’est amusant car d’après les dires du sculpteur, il y aurait eu une grande connivence entre eux deux or, les commentaires qui accompagnent l’oeuvre invitent à prendre un peu de recul. Vraisembablement, ce qui était considéré comme une fusion intellectuelle n’aurait été que les conséquences d’une bonne éducation et de manières polies apprises par l’écrivain allemand plutôt que d’un véritable coup de coeur. Cela donne une image marrante de David d’Angers du coup.Petit aperçu d’une des salles du musées, la plus sobre en termes de couleurs des murs ! Comme pour l’ancien musée des beaux-arts de Nantes, on a vu des aplats de couleur assez audacieux.
Lorenzo Lippi, « L’Allégorie de la Simulation », 1650. Il s’agit d’un des « joyaux » du musée. Il y a tant à dire dessus ! J’avais adoré le donner en commentaire d’oeuvres à mes étudiants… En plus, comme Mona Lisa, elle donne l’impression de vous suivre du regard où que vous alliez.
Hubert Robert, « La Fontaine de Minerve à Rome », 1772 : Encore un tableau reflétant bien la mode des jardins de style irrégulier et des fabriques qui se diffuse au XVIIIe siècle.
Jean-Jacques Henner, « Portrait de Mlle Laura Leroux », 1898. Pas très bien mis en valeur, ce portrait rend beaucoup mieux une fois pris en photo. Laura Leroux ressemble à un véritable personnage de roman ! Un peu comme tous les portraits réalisés par Henner en fait…
Alexis Mérodack-Jeaneau, « La Créole au Perroquet », 1910. Il s’agit d’un tableau récemment restauré. Je l’ai mis ici, car nous en avons eu un aperçu lorsque nous étions au Musée des Sciences Naturelles d’Angers. La texture de la peinture ressemble à un gribouillage, mais ce côté brut fait tout le charme de cette oeuvre.
Charles-Francois Daubigny, « Coucher de soleil sur l’Oise », 1865. Il s’agit d’un peintre issu de l’Ecole de Barbizon, un courant de peinture s’exprimant à travers le thème de la nature : des paysages, des scènes rurales ou forestières.
Nicolo Frangipani, « Quatre têtes riant et un chat », seconde moitié du XVIe siècle : je trouve ce tableau particulièrement effrayant.
Lancelot-Théodore Turpin de Crissé (fils), « Alexandrie, vue de la ville et de la colonne de Pompéi », 1800. Orientalisme, orientalisme. Chose amusante : Turpin de Crissé n’est jamais allé en Egypte… Orientalisme, disais-je ?
François-Alexandre Pernot, « Les Fossés de Vincennes en 1815 », 1822. Même impressions que le tableau d’Hubert Robert, la touche romantique en plus.
Hendrick van Balen, « La Sainte Famille dans un jardin », XVIe siècle : et c’est bien ce charmant jardin qui m’intéresse. Relayé au second plan, il est pourtant assez détaillé et offre une symbolique assez pertinente (le Paradis, la noblesse, la Vierge, etc.)
Van Staveren, « Un philosophe dans un paysage », milieu du XVIIe siècle. Ce philosophe me fait penser à un alchimiste ou un sorcier. Le décor brumeux, l’arbre dénudé et la végétation formant un cadre un peu sombre autour du philosophe donne l’impression d’être dans un conte de fée un peu gothique (avec quelques décennies d’avance).
Le musée des Beaux-arts d’Angers n’a rien à envier aux musées de plus grosses villes : la collection est très belle et variée, et je me souviens d’y avoir pioché pas mal d’oeuvres à donner en commentaire d’oeuvre à mes étudiants d’histoire de l’art. Tout comme à Nantes, la muséographie est assez originale, quoique peut-être parfois un peu trop. Il me semble vous avoir déjà décrit à quel point j’aimais les cimaises aux couleurs chatoyantes et osées. Or, je suis entrée dans une pièce rouge vif qui m’a rendue un peu malade et qui en en sortant, m’a fait voir du vert un peu partout pendant quelques minutes.
Revenons dans un décor plus sobre, parfait pour l’aile consacrée à l’art contemporain. Jérémy devant des oeuvres de Morellet, un de mes artistes préférés (même si je n’ai jamais su trop dire pourquoi).
Jérémy et François Morellet, « Tirets jaune, jaune-vert, jaune-orange », 1956.
Bernard Moninot, « Lodi II (Ombres Portées) », 1992. J’apprécie tout particulièrement quand les oeuvres d’art ont un effet direct sur l’environnement (en l’occurrence dans ce cas-ci, les ombres portées).
D’ailleurs, du Morellet, en veux-tu en voilà. La collection dédiée à l’art contemporain est assez sobre et pour le coup assez reposante. Après avoir vu rouge, c’est bon de revenir vers quelque chose de plus serein.
Daniel Tremblay, « Sans Titre », 1983. Faisons dans le local avec de l’ardoise ! Là encore, l’oeuvre est intéressante du fait qu’elle se déploie sur deux pans de murs.
Erik Dietman, « La Bise », 1983. Voyez-vous le baiser ? Une fois qu’on a compris le truc, cette sculpture nous paraît vraiment inventive et amusante !
Daniel Tremblay, « Sans Titre », 1982. Une oeuvre réalisée à partir d’un paillasson et de strass. Le dessin me rappelle la simplicité poétique de Picasso.
Une autre chose que j’ai beaucoup apprécié est la mise en valeur d’artistes « locaux ». Mettre l’accent dessus renforce considérablement l’identité d’une ville. Petit à petit, comme pour Nantes, je me crée ma propre image romanesque d’Angers…
Encore une restauration très récente du musée : Niki de Saint Phalle, L’arbre-serpent, sculpture-fontaine, 1992. Elle se trouve encore plus mise en valeur sous ce ciel couvert. Lorsque mon ami Guillaume est venu nous rendre visite, nous nous sommes promenés dans les alentours : « Oh, c’est une école, ici ? ». Eh bien, euh…
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